La grande majorité des chrétiens ne comprennent pas le pourquoi de notre engagement culturel. Et l’on va jusqu’à se demander même pourquoi nous devons être concernés du tout.
Le critique Ken Myers a dit : « A première vue, il paraît comme une assertion extrême, mais il me semble que le défi de vivre dans la culture populaire peut être aussi sérieux pour les chrétiens de nos jours, comme la persécution et les plaies étaient pour les saints des siècles passés… Les ennemis qui viennent ouvertement sont beaucoup plus faciles à combattre que ceux qui sont indétectables… l’érosion du caractère, la détérioration des plaisirs innocents et la dépréciation de la vie elle-même qui accompagnent souvent la culture populaire peuvent arriver si subtilement que nous croyons que rien ne s’est passé. » (Kenneth A. Myers, All God’s Children and Blue Suede Shoes (Wheaton, IL: Crossway, 1989), xii-xiii).
Quelle est la réponse du chrétien face à ce défi?
Deux possibilités : soit la consommation passive, soit la condamnation active. Les deux extrêmes sont mauvais car aucun des deux ne comprend la culture pop.
Celui qui condamne, réalise le pouvoir de la culture pop sur l’individu et c’est pour cela qu’il choisit de l’éviter. Il a pris une décision qu’il croit bonne pour sa sanctification personnelle et ainsi il se retire du monde. Au nom de ne pas devenir « de ce monde », il cesse « d’être dans le monde ».
Le consommateur passif par contre, manque d’analyse critique pour comprendre l’effet que la culture pop a sur lui, et ainsi il devient tellement « du monde » qu’il doit compartimenter sa pensée en « chose de l’église » et « choses du monde ». C’est-à-dire, il est convaincu désormais qu’une séparation existe entre « le sacré » et « le séculier ». Oubliant que Dieu a créé toutes choses dans ce monde, il parvient à croire que le Christianisme touche seulement à certaines choses : aller à l’église, prier avant le repas, lecture quotidienne (ou presque) de la Bible, etc…
Mais que l’on condamne ou l’on consomme, le Christianisme de ces chrétiens devient une religion légaliste – un système humain « de faire et ne pas faire ». Ces chers frères et sœurs ont oublié que l’Evangile rachète l’homme entier, pas seulement une partie. « Si qqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Cor. 5: 17).
Le chrétien moderne oublie facilement l’influence du Christianisme sur la civilisation humaine. Nous prenons notre liberté et notre mode de vie comme normaux car nous les voyons comme « donnés ». Mais en réalité « le Christianisme est à l’origine de l’idée de l’humanité comme nous la connaissons. Jamais avant l’avènement du Christianisme les esclaves et les gens libres, l’homme et la femme, le riche et le pauvre, les juifs et les gentils n’ont été reçus avec le même amour incommensurable… c’est la vie et la mort de Jésus-Christ qui a dépassé/transcendé les âges : pour les chrétiens la foi n’est pas une logique culturelle, mais une vérité universelle. » (Kate Kirkpatrick, “Reframing Human History,” Christianity Today (Sept. 2009), 81-82.) L’idée de vérité universelle a été presque oubliée les dernières décennies. Le Christianisme proposé aujourd’hui par l’Eglise moderne a été correctement décrit comme « privé et socialement hors de propos ». L’Eglise moderne n’a rien à dire au monde moderne, et ne peut rien lui proposer pour la guérison de ces maux. Car le Christianisme ne peut rien apporter à la culture pop si le chrétien individuel ne s’y engage pas en amenant la vérité universelle – la lumière et le sel – de Jésus-Christ dans la vie de tous les jours. L’Eglise est devenue culturellement impotente. Pourquoi ?
Car c’est l’idée même d’apporter l’Evangile dans les activités quotidiennes qui introduit la confusion. Et très souvent cette confusion est apportée et maintenue par les dirigeants chrétiens eux-mêmes. Car ce sont eux dans la plupart des cas qui divisent la vie en « sacré » et « séculier ». Selon l’un d’entre eux, D. G. Hart : « … le but d’appliquer la foi à tous les aspects de la vie déforme l’essence du message chrétien, qui a beaucoup plus à faire avec les réalités éternelles qu’avec les temporelles… En somme, l’application de la religion dans des affaires pratiques sacralise les choses communes (le sport, manger et boire, politique…) et banalise les choses sacrées (le credo, les sacrements, le ministère pastoral…) ». (D.G. Hart, cité en Stellman, Dual Citizens, 26.)
A part le fait que la Bible ne dit pas une seule fois que le credo est sacré, ni que le manger et boire sont communs (en fait, l’opposé est vrai : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » 1 Cor. 10 : 31), ce frère semble ne pas comprendre l’effet global de la rédemption en Christ. Jean 3 : 16 dit que « Dieu a tant aimé le monde » – l’ordre créé en entier, toute la création – et pas seulement certains aspects « sacrés » de Sa Création.
La compréhension historique de l’incarnation de toute la création a été remplacée par la vue que Dieu est venu en chair dans l’histoire humaine pour sauver les âmes. L’accent n’est plus sur la vérité universelle, mais sur le salut personnel. L’Eglise parle de « sauver des âmes ». Nous mettons l’accent sur le fait que Jésus « m’a sauvé ». Ce qui mène logiquement vers la séparation entre le sacré et le séculier, car si Christ sauve les âmes seulement, le monde reste condamné et non rachetable… La Création séparée de la Rédemption va toujours résulter dans la sécularisation de la vie.
L’enseignement biblique est celui de la totalité. Tout comme l’Eglise est faite entière par ses membres, ainsi la rédemption totale de Sa création est faite entière par l’Eglise qui prend la domination et fait tout à la gloire de Dieu, y compris des choses mondaines comme le manger et le boire. L’adoration, comme la prière, doit caractériser nos vies à chaque instant, pas seulement le dimanche matin. « Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ ». (1 Thess. 5: 17-18). C’est seulement quand nous voyons que tout à été ordonné pour la gloire de Dieu, même nos activités quotidiennes « communes » vont devenir des opportunités d’adorer notre Père.
Si une majorité de chrétiens commence à voir leurs activités quotidiennes comme une extension de l’adoration, nous allons voir un changement culturel. Le commandement que Jésus a donné à Ses disciples n’était pas d’endurer/de persister dans ce monde, mais de le conquérir : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit… » (Matt. 28 : 18-20). Il n’y a rien dans cette grande commission pour indiquer que Jésus voulait moins que la victoire globale. Que croyons-nous ?
L’Evangile de Jésus-Christ sauve des âmes, des vies et des cultures. Et il le fait car toute autorité et tout pouvoir Lui ont été donnés !!!